...Je peins dans l'entre-deux. Travail et vitesse ne s'excluent pas : j'obéis à une loi de création continue ultra-rapide. Je balaie une toile en une fois et pourtant, comme dans les musiques d'improvisation qui m'accompagnent plus qu'analogiquement, on rejoue des instants qui ne reviennent pas. Je longe les motifs qui ont toutes les équivoques allures de la récurrence, moins sa nature....
Ai-je jamais adhéré au moindre concept ? Quintessencier le sensoriel ? Je m'occupe plutôt de faire advenir du mythique, bien sûr incarné. Je pose comme artiste le principe égoïste d'indéfinie tolérance à l'égard du détail, du non-nécessaire, du non-substantiel : il n'est d'efficience que de l'anecdotique, où le peintre peignant se féconde...
Surtout je peins sans modèle, sans sujet, sans objet autres que la Peinture. ELLE, nom propre répondant au Peintre, celui qui vit -c'est une définition- pour elle, avec elle, en elle...
Transcription improvisée de Pierre-André Taguieff sur un propos de Yann. |
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